Description
Collection |12| Emmanuel Bove
|4| UN SOIR CHEZ BLUTEL
LIVRE NOUVEAU
Extrait en Lecture Directe
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Maxime, un jeune vétéran, décide de rendre visite à son ancien ami Blutel, qu’il n’a plus revu depuis la fin de la première guerre. Blutel a invité d’autres personnes, qui arrivent au fil de la soirée. C’est une réunion qui permet à Maxime de prendre conscience de ce qui le différencie de cette classe bourgeoise.
Extrait
Chapitre 1
|Vers vingt heures, le rapide, parti de Strasbourg à midi, passa Château-Thierry où des voyageurs, sur un quai proche de la gare des marchandises, attendaient un train omnibus. Maxime Corton occupait une des huit places assises d’un compartiment de troisième classe.
Pour la première fois, une Polonaise goûtait le pain français dont elle avait entendu parler depuis mil neuf cent seize. Par l’intermédiaire d’un consul que toutes ses relations sollicitaient de domestiques, elle avait obtenu une place de bonne dans une famille. Elle demanda à Maxime où se trouvait l’avenue de La Bourdonnais. Elle dissimulait l’adresse, tâchait même de l’oublier, pour ne pas mentir s’il l’interrogeait. Comme les gens simples, elle craignait de cacher la vérité. Il lui semblait que, si elle venait à être découverte, ses parents, ses maîtres ne lui témoigneraient plus jamais la moindre confiance. Comme ces employés modèles qui s’appliquent à ne jamais voler, ne serait-ce qu’une fois, parce que, si justement ils étaient pris, tous leurs efforts, toutes les années de dévouement et de fidélité seraient perdus, elle se surveillait continuellement. Elle avait peur d’être surprise en flagrant délit de mensonge. Quand elle voulait dissimuler quelque chose, elle jouait la candeur. Aussi ses camarades, mieux placées que quiconque pour la connaître parce qu’elles lui ressemblaient, la tenaient-elles pour une hypocrite. En apprenant que l’avenue de La Bourdonnais se trouvait près de la tour Eiffel, elle pensa qu’elle allait habiter le centre de Paris, à proximité de la station de métro la plus importante, que les autobus et les lumières l’empêcheraient de dormir, et elle ne se tint plus de joie. ..|
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