Description
Collection |9| Stefan Zweig
|7| Marie-Antoinette
Présentation
S’appuyant sur les archives de l’Empire autrichien et sur la correspondance du comte Axel de Fersen, qu’il fut le premier à pouvoir consulter intégralement, Stefan Zweig retrace la vie de cette reine, ni sainte du royalisme, ni prostituée de la Révolution mais une femme somme toute ordinaire.
Extraits
« J’ai peur de m’ennuyer » : cette parole de Marie-Antoinette est le mot de son temps et de toute la société. Le XVIIIe siècle touche à sa fin, il a accompli sa tache. Le royaume est fondé, Versailles est construit, l’étiquette parfaite, la cour désœuvrée ; sans guerres, les maréchaux ne sont plus que des marionnettes en uniforme, les évêques, en présence d’une génération incroyante, que des galants seigneurs en soutanes violettes ; la reine, n’ayant ni vrai roi à ses côtés, ni dauphin à élever, se contente d’être une joyeuse mondaine. Traqués par l’ennui, tous ses gens restent insensibles aux flots puissants d’une époque qui s’avance impétueuse ; et si parfois ils y plongent leurs mains curieuses, c’est pour en retirer quelques cailloux scintillants ou pour jouer comme des enfants de l’écume légère qui jaillit sur leurs doigts. Mais pas un ne voit la montée de plus en plus rapide des flots ; et lorsqu’ils s’aperçoivent enfin du danger, la fuite n’est plus possible, le jeu est fini, la vie menacée.
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Marie-Antoinette, Stefan Zweig, éd. Raanan Editeur extrait 1
Mais là où Marie-Antoinette ne veut pas comprendre, il ne sert à rien de faire appel à sa raison. Que d’histoires parce qu’elle demeure à quelques pas de Versailles ! Mais en réalité, ces quelques pas l’éloignent à jamais et du peuple et de la cour. Si Marie-Antoinette était restée à Versailles, au milieu de la noblesse française et des coutumes traditionnelles, elle aurait eu à ses côtés, à l’heure du danger, les princes, les gentilshommes, l’armée des aristocrates. Si d’autre part, comme son frère Joseph, elle avait essayé de se rapprocher du peuple, des centaines de milliers de parisiens, des millions de français l’eussent adorée. Mais Marie-Antoinette, individualiste absolue, ne veut plaire ni aux aristocrates ni au peuple, elle ne pense qu’à elle-même, et le Trianon, ce caprice parmi ses caprices, la rend aussi impopulaire auprès du tiers état que du clergé et de la noblesse ; parce qu’elle a voulu être trop seule dans son bonheur, elle sera solitaire dans son malheur et devra payer ce jouet frivole de sa couronne et de sa vie.
- Marie-Antoinette, Stefan Zweig, éd. Raanan Editeur extrait 2
D’après les pièces et les dépositions qui existent sur ce procès terriblement embrouillé, une chose est aujourd’hui certaine : Marie-Antoinette n’a pas eu la moindre idée du honteux abus qu’on a fait en son nom, de sa personne, de son honneur. […]
Seules la haine, l’hostilité préconçue, la calomnie délibérée ont pu accuser Maris-Antoinette d’être de connivence avec l’aventurière et le cardinal imbécile ; il faut le répéter, la reine a été mêlée, à son insu, à cette affaire déshonorante, par une bande de faussaires, d’escrocs, de voleurs et de fous.
- Marie-Antoinette, Stefan Zweig, éd. Raanan Editeur extrait 3
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