Description
Collection |10| Colette
|15| La Seconde
Présentation
Roman semi autobiographique de Colette, thème milieu du théâtre.
Farou, auteur dramatique à succès, est occupé par les répétitions de sa nouvelle pièce, Le Logis sans femmes. Fanny sait que pendant cette phase de la création son mari n’offre aucune résistance aux tentations extra-conjugales ; elle en a pris son parti.
Mais sa jalousie est tout autre quand elle s’aperçoit que Jane, la secrétaire modèle qui vit aussi chez eux, ne peut cacher la sienne à ce moment-là. Fanny se rend compte que son amitié pour la jeune femme l’avait rendue aveugle sur les relations qui avaient éclos sous son toit…
Le dénouement, loin de toute convention, est des plus surprenants – mais il est dans le droit fil des propres réactions de Colette dans de telles situations.
La Seconde offre aussi quelques variations sur des thèmes chers à l’écrivain : l’évocation des milieux du théâtre, les rapports entre les hommes et les femmes, la découverte douloureuse de l’amour par un adolescent…
Extrait
Chapitre 1
« – Le facteur n’a rien apporté à onze heures. Si Farou n’a pas écrit hier soir avant de se coucher, c’est qu’il y a eu répétition de nuit.
– Vous croyez, Fanny ?
– Sûr. Le Logis sans Femme n’est pas dur à mettre en scène, mais la petite Asselin n’est pas du tout la femme qu’il faut pour jouer Suzanne.
– Elle est pourtant bien jolie, dit Jane.
Fanny haussa les épaules.
– Ma pauvre Jane, ça lui sert à quoi d’être jolie ? On n’a jamais eu besoin d’une jolie femme pour jouer Suzanne. C’était l’affaire d’une Cendrillon comme Dorilys. Vous n’avez pas vu la pièce à la création ?
– Non.
– C’est vrai, je suis bête… Dix-neuf cent dix-neuf !
– La pièce n’a pas vieilli, dit Jane.
Fanny tourna vers elle son œil barré à demi par un bandeau de cheveux noirs.
– Mais si, ma chère. Comme toutes les pièces, même celles de Farou. Il n’y a que Farou qui ne vieillit pas.
– Tant mieux pour vous ! dit Jane.
Et pour la petite Asselin en ce moment-ci, acheva Fanny.
Elle rit bonnement et pela une pêche ruisselante.
Jane lui désigna du menton le petit Farou, mais le petit Farou ramassait, en les pressant sous son doigt, des miettes de sucre, les léchait et ne semblait pas avoir entendu.
– Vous comprenez, reprit Fanny Farou, Asselin a eu le rôle de la pièce pour la tournée parce que, tout de même, la tournée comprend Deauville, les plages et les casinos. Ce n’est pas rien, pour la tournée des casinos, d’avoir comme Asselin des autos, des amants, des robes, une publicité payée, enfin tout ce qui empêche une tournée d’été d’être une simple catastrophe… Vous me comprenez, Jane, pâlotte Jane ?
– Je comprends.
Elle était pâle et distraite, comme il lui arrivait quatre jours sur sept. Elle s’en excusa avec précipitation :
– J’ai mal dormi, figurez-vous… »
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